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Capitaine du Canots de sauvetage (Dogre armé en course) |
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L’éclaireur de la confrérie Frères De La Caraibe |
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Navigateur, issu de la Marine, actuellement corsaire |
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Expérience globale : Expérimenté |
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Diplomatie |
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Renommée | Honneur | Piété |
9 | 10 | 0 |
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Trésor |
Prospère |
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Domaines métropolitains |
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Son histoire : |
L’histoire que je vais vous conter est celle de Morgan Delmare, un enfant au destin brisé trop tôt… puis recousu, pièce par pièce, par la mer elle-même. Il y a près de vingt ans, sur l’île de Marguerita, les cloches de l’aube venaient à peine de sonner lorsque Morgan ouvrit les yeux. Le garçon n’avait pas dix ans. Ses cheveux, d’un blanc presque irréel, se mêlaient à la lumière pâle qui filtrait par les volets. Les anciens du port disaient qu’un enfant né avec les cheveux d’écume portait la marque de l’Océan : « ni tout à fait béni, ni tout à fait maudit, mais promis aux flots ». Certains murmuraient qu’un tel enfant ne connaîtrait jamais de foyer stable, qu’il serait ballotté par les vagues de son destin comme un navire sans ancre. Ce matin-là, Morgan ignorait tout de ces légendes. Il ne songeait qu’à une chose : son père, officier de la marine royale, devait enfin revenir. Sans même avaler une bouchée, il dévala l’escalier, traversa la maison et sortit, sans prêter attention à la voix douce de sa tante qui l’appelait. C’était elle qui l’élevait depuis toujours, mais en ce jour, elle n’existait plus pour lui : seul comptait le navire qui ramènerait son père. Morgan courut pieds nus sur les pavés humides jusqu’aux quais. Le port s’éveillait dans un tumulte familier : cris des marchands, claquement des voiles, parfum mêlé du sel et du poisson. Il attendit. Le soleil grimpa, implacable. Chaque voile aperçue à l’horizon fit battre son cœur… pour aussitôt le briser. Pas un seul bâtiment militaire n’accostait. À midi, le découragement l’envahit. Ses jambes tremblaient. Peut-être rentrerait-il bredouille. C’est alors qu’un cri résonna : « Un navire en approche ! » Morgan leva les yeux. Une silhouette fendait les flots, lente et meurtrie. C’était un chébec aux voiles déchirées, aux flancs noircis par le feu. Plus il approchait, plus son état devenait évident : ce n’était pas un retour triomphant, mais un naufrage qui survivait par miracle. Morgan reconnut aussitôt ce navire. C’était celui de son père. Jean, son meilleur ami, le rejoignit au quai. Ils avaient toujours rêvé de naviguer ensemble, sous pavillon français. Mais l’enthousiasme se dissipa devant le spectacle du bâtiment agonisant. Quand les marins mirent pied à terre, ils n’étaient qu’une trentaine. Silhouettes hâves, brûlées par la poudre. Mais pas de commandant. Pas de père. Morgan se précipita vers Albert, le second du navire, un homme au visage marqué par les embruns et la guerre. Le regard du garçon implorait une réponse. Albert posa une main lourde sur son épaule. — Nous avons été pris dans une embuscade, dit-il d’une voix rauque. Des pirates. Le capitaine s’est battu comme un lion, mais il n’a jamais reparu. La mer l’a pris, Morgan. Un silence abyssal s’abattit. Les clameurs du port s’éteignirent dans son esprit. Tout devint froid, lointain, irréel. Sans un mot, l’enfant s’enfuit, courant à perdre haleine jusqu’aux terres intérieures, comme pour fuir la mer elle-même. Et nul ne le revit. On le chercha en vain. Jean parcourut les criques, les collines, les forêts. Mais l’enfant aux cheveux blancs s’était évanoui, comme avalé par la légende qu’on murmurait déjà : « Les fils d’écume appartiennent à l’océan. Quand elle les réclame, nul ne peut les retenir. » Les années passèrent. Marguerita l’oublia presque. Jean devint un jeune homme, mais il portait toujours dans son cœur l’absence brûlante de son frère d’âme. Un soir, la rumeur se répandit dans les tavernes : un homme aux cheveux blancs avait été vu en ville. Jean n’osa y croire, mais l’espoir le guida jusqu’à une taverne aux volets branlants, saturée de fumée et de rhum. Et là, dans l’ombre d’une table, il le vit. Morgan. Plus grand, le regard taillé dans l’acier. Mais ses cheveux d’écume, eux, n’avaient pas changé. Et dans son regard sombre brûlait une flamme nouvelle, à la fois vive et terrible. Sans préambule, Morgan dit : — Je commande un navire pour la couronne. J’ai besoin d’un second. Tu seras le mien. Jean n’hésita pas. Mais une question l’obsédait : comment l’enfant disparu avait-il pu devenir capitaine, lui qu’on croyait mort ? Une nuit, le courage lui vint. — Morgan… où étais-tu, toutes ces années ? Un long silence. Le capitaine fixait son verre, où tremblait le reflet d’une chandelle comme une flamme prisonnière. Puis il souffla : — J’ai une dette envers la mer. Et une vengeance envers ceux qui m’ont pris mon père. Les pirates. Je les retrouverai… tous. Il n’ajouta rien. Mais Jean se rappela alors la vieille superstition des marins : « Les enfants nés aux cheveux blancs portent en eux la marque de l’écume. Leur vie ne leur appartient pas : elle est la revanche de l’Océan. » Et il comprit que son ami était devenu plus qu’un homme. Morgan Delmare était devenu un fils de légende. |